A Villesèquelande, petit village ensoleillé du Carcassès, dans l’Aude, on prend les arbres au sérieux. Sur la place centrale, entre l’église et la mairie, un orme séculaire trône fièrement depuis plus de 400 ans. On l’appelle l’ormeau de Sully et il est classé « arbre remarquable » depuis 2013. Planté sous le règne d’Henri IV sur ordre de son ministre et conseiller Sully, il a assisté à la création du canal du Midi, qui traverse la commune. Il a surtout été le témoin, depuis le temps, de la vie quotidienne de ses habitants. C’est ainsi qu’il a vu, depuis l’institution de l’état civil en 1792, le référencement de 987 naissances, de 518 mariages et de 1 055 décès ! En 2020, le maire Aurélien Turchetto propose un projet autour de l’arbre. Une initiative acceptée et qui permet, en 2021, de donner naissance au « Village de l’arbre », seul et unique village en France et dans le monde ainsi labellisé (la marque est déposée à l’Institut national de la propriété industrielle). L’objectif est de créer une dynamique locale autour d’un véritable plan de l’arbre, qui comprend notamment l’élaboration d’un arboretum aux abords du canal du Midi, une parcelle de sept hectares où un arbre est planté à chaque naissance, la distribution d’un arbre par foyer de vie en association avec la pépinière du département de l’Aude, la désimperméabilisation partielle des rues et de la cour de l’école, dans laquelle une microforêt « méthode Miyawaki » va être implantée pour permettre le rafraîchissement naturel des bâtiments. La création d’un parcours culturel est aussi à l’étude. Tout un écosystème sociétal et environnemental se forme ainsi autour de l’arbre : l’ormeau de Sully est en de très bonnes mains.
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Cet arbre appartient à l’espèce ayant nourri
pendant des centaines d’années les groupes
humains implantés dans la région. La mémoire
collective a fixé sa gratitude en le dénommant
« l’arbre à pain ». De plus, son fruit est aussi
une nourriture adaptée à l’élevage traditionnel
des porcs.
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La rencontre se mérite ! Une heure et demie de montée, et une arrivée sur le plateau de Coyan battu par les vents, où se racontent des histoires
de bergers solitaires et de loups sanguinaires. Mais il en faut beaucoup plus pour décourager émilie et sa troupe de théâtre, qui propose là-haut des pièces où l’arbre est acteur principal. Action !
C’est une sorte de vigie sur le plateau du Coyan qui domine notre commune. Nous organisons des
randonnées vers cet arbre sur lequel ont toujours circulé de nombreuses histoires vraies ou légendaires.
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Un passage sous son arche, une parole à l’arbre, une caresse sur son écorce, une oreille posée sur son tronc : tels sont les rituels institués par la guide nature Lucienne Moisan (à gauche, sur la photo ci-contre, en compagnie de non-voyants). Le site a été aménagé (fil d’Ariane, panneaux en relief et en braille…) pour permettre aux handicapés et mal-voyants de circuler et de rendre visite à cet étonnant chêne pédonculé du bois de Penfoulic, baptisé arbre girafe par les enfants de la commune de Fouesnant. Le chemin qui passe devant est entretenu chaque semaine par des personnes en situation de handicap mental. On peut dire que cet arbre est choyé et adoré de tous ! Et qu’il tord le cou à beaucoup de préjugés !
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« Il a dû faire toutes les guerres pour être aussi fort aujourd’hui… » Qui ? Cet acacia de belle taille, dont la municipalité de Liebsdorf, en la personne de Bernard Schlegel, adjoint au maire, porte la candidature. Et quelles guerres ? Celles qui anéantirent ce village alsacien – tantôt rattaché à l’Allemagne, tantôt à la France – à maintes reprises. Tout proche de la Suisse, Liebsdorf est devenu, lors de la guerre de 1945, le point de passage idéal pour ceux qui fuyaient la Gestapo… Fait étrange, un érable fugitif, lui, s’est caché dans l’acacia : il y a pris racine et la cohabitation est réussie. Signe que les temps ne sont plus à la guerre entre les communautés ? « Il a dû faire toutes les guerres de la vie et l’amour aussi. » Liebsdorf ne signifie-t-il pas le « village de l’amour » ?
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L’if d’Estry a beaucoup d’amis à la mairie, à commencer par monsieur le Maire, Didier Renouf, fier de présenter ce vénérable gardien du temple. Son âge ? Entre 1600 et 1800 ans !
C’est sûrement l’arbre le plus âgé de ce concours, voire d’Europe ! Sur le vert foncé de ses aiguilles tranche le rouge vif de ses arilles. Fidèle à la tradition – à cause de sa toxicité ? –, il trône au beau milieu du cimetière qui entoure la petite église. En témoin de la grande histoire et symbole de résistance : à onze reprises, pendant la Seconde Guerre mondiale, Estry fut perdu
puis repris par les Alliés au cours d’intenses combats. Le village fut presque entièrement détruit. L’if, lui, est resté debout, à côté de l’église en ruines. Mémoire, toujours vivante, d’Estry.
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If-grotte, if-igloo, ou plus prosaïquement cabinet de verdure… c’est selon. Au bout de l’allée
centrale, cet arbre savamment taillé en forme de dôme est le fleuron du Jardin des ifs,
un superbe jardin topiaire à la française datant du XVIIe siècle. L’if-grotte est en fait
constitué de six arbres différents, qui au fil du temps, des marcottages et du travail de plusieurs
générations d’hommes, se sont mêlés et confondus au point de former aujourd’hui
un entrelacs unique de branches. On peut y entrer à une dizaine de personnes. Delphine, la
propriétaire, aime à souligner son rôle d’arbre protecteur : avec sa forme arrondie, il constitue
un abri contre le vent, la tempête et la pluie, le soleil, la foudre… Une cabane pour les enfants,
une grotte magique, un refuge ou encore une cachette pour les amoureux. Elle en est certaine :
pour un couple, l’if, symbole d’immortalité, est le lieu idéal pour se prêter serment. L’if topiaire
aurait-il l’extraordinaire pouvoir de tailler et de façonner les sentiments ?
Aux alentours
Le village de Gerberoy est classé parmi les plus beaux villages de France. Bâti sur une butte calcaire,
il abrite de nombreuses et belles maisons à colombages et trois monuments historiques.
Outre le Jardin des ifs, il abrite les Jardins Henri-le-Sidaner, classés « Jardin remarquable ».
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