Avec ses 4 mètres de hauteur et son mètre à peine de circonférence, ce pin laricio se démarque pas par ses dimensions, mais bien davantage par son emplacement très particulier dans un environnement extrême. Équilibriste et solitaire, il s’est accroché au sommet de l’aiguille granitique Pilastru di l’Alba, au cœur du massif de Bavella, en Corse. On imagine aisément la rigueur des conditions qui font son quotidien : son port accidenté témoigne des fortes rafales qui balayent régulièrement les lieux. Ses conditions
de croissance sont rudes, puisqu’il se contente des rares nutriments qu’il arrive à tirer de la roche. Estimer son âge s’avère donc difficile… Le massif de Bavella abrite une large diversité de plantes et d’animaux. La végétation y est composée de nombreuses espèces méditerranéennes, dont le pin laricio, un arbre emblématique de la Corse, ainsi que d’une grande variété de plantes endémiques. Parfois, on peut observer non loin de l’arbre le mouflon corse, lui aussi symbole de l’île de Beauté.
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Le zamana, ou arbre à pluie, a été largement introduit en Asie du Sud-Est et
dans certaines îles du Pacifique. En Martinique, il servait autrefois à abriter les
plantations de caféiers et de cacaoyers, grâce à son port très large et sa forme
comparable à celle d’un parasol. En cas de pluie, ses folioles se replient sur
elles-mêmes et permettent aux gouttes d’atteindre le sol. Quand le soleil revient, les folioles
se déploient à nouveau : sous l’arbre, le sol reste ainsi frais et humide. Le zamana du parc de
l’Habitation Céron (une ancienne exploitation sucrière créée au XVIIe siècle), est répertorié
comme étant l’un des plus gros arbres visibles des petites Antilles : 10 personnes main dans
la main sont nécessaires pour faire le tour de son énorme tronc. Son magnifique houppier,
faits d’énormes branches moussues recouvertes d’épiphytes, couvre à l’aplomb une surface
de plus de 5 000 m2. Un arbre protecteur qui bénéficie lui-même d’une véritable douceur
et indulgence de la part des éléments : il a survécu à tous les cyclones ainsi qu’à l’éruption
volcanique mortelle de la montagne Pelée en 1902.
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L’orme champêtre de Bettange (Moselle), nommé aussi l’orme éternel, est classé monument
historique depuis 1938. Il aurait été planté en 1593 selon la légende, mais est sans doute
plutôt âgé d’environ 250 ans, ce qui n’est déjà pas rien ! Il arbore une forme noueuse très
particulière qui est le fruit de plusieurs repousses et marcottes remarquables. Cela lui
donne un houppier pratiquement équilibré, et témoigne surtout d’une histoire mouvementée !
S’il est toujours là, à défaut sans doute d’être éternel (même si on lui souhaite), c’est qu’il a développé une notable résistance à la graphiose. L’orme champêtre est une essence qui était jadis très répandue en France, mais dans les années 1920, la graphiose de l’orme, une maladie fongique,
apparaît aux Pays-Bas et se diffuse dans toute l’Europe. Elle mène l’espèce vers une régression
généralisée, au point que les vieux et gros spécimens ont aujourd’hui quasiment disparu. L’orme
de Bettange est un survivant ! L’association Hêtre vit vent, qui porte cette candidature, s’est donné
pour objectif de présenter chaque année un candidat au concours de L’Arbre de l’année dans
l’optique de créer un parcours didactique, présentant les arbres jugés localement remarquables,
qu’ils soient labellisés ou non.
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Au cœur même de la vieille ville de Vendôme (Loir-et-Cher) et de ses superbes rues piétonnes, un petit passage – nommé Édouard Massé – permet de s’immiscer entre les maisons et de longer
le Loir afin de gagner un beau jardin. Là apparaît un très beau platane, dont on remarque de suite
l’empattement. Ses grosses racines s’ancrent sur une ancienne balustrade et viennent plonger dans
la rivière, au point de servir volontiers de reposoir aux canards. Ce platane est le plus ancien arbre
répertorié de Vendôme. Il a été planté en 1759 à l’extrémité orientale de l’île Paradis (le nom du
lieu à l’époque), constituant le premier jalon du jardin d’ornement qui allait remplacer les formes
vivrières antérieures (vergers et potagers). Ce jardin compte désormais de nombreux arbres et
une diversité de fleurs tout à fait intéressante. Il se dit ici qu’un certain Honoré de Balzac, alors
interne dans le collège oratorien situé juste à côté, aimait à l’admirer depuis sa fenêtre. Les plus perspicaces des lecteurs assurent même qu’il l’évoque dans son ouvrage Louis Lambert,
publié en 1832. Aujourd’hui, les habitants sont tout aussi sensibles à cet arbre qui fait partie
intégrante de l’histoire de la ville, comme en témoignent les téléphones portables brandis vers lui par presque tous les promeneurs que nous avons vu passer alors que nous réalisions les prises de vue.
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Le hêtre pourpre s’épanouit sur la grande pelouse du lycée Lakanal, à Sceaux, au sein d’un ensemble de bâtiments datant de 1885 et inscrits à l’inventaire des monuments historiques.
Son implantation au centre d’un parc de 10 hectares, qui dépendait à l’origine du domaine
de Sceaux, a été souhaitée dès la construction de ce dernier. 2 600 élèves et 220 professeurs passent aujourd’hui chaque jour à son pied. Les plus jeunes s’y amusent tandis que les étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles y révisent leurs examens. Avant eux, d’illustres personnes ont également foulé ses racines. Ce hêtre pourpre a en effet vu défiler des pans entiers de l’histoire locale ! De grands romanciers et littéraires de la fin du XIXe et début du XXe
siècle, à l’instar de Maurice Genevoix, Charles Péguy et Alain-Fournier, ont étudié sous son ombrage. C’est aussi ici que Frédéric Joliot-Curie s’entraînait avec l’équipe de football du lycée, quand Frantz Reichel allait lui fonder la première association sportive universitaire du pays avant de remporter, en 1900, le premier titre olympique français en sport collectif (le rugby !).
Le hêtre pourpre est un arbre historique.
Il a été choisi comme logo pour représenter le lycée
et s’affiche dés
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Il est rare que l’on dispose pour un arbre d’une date de plantation fiable. Ce tilleul fait office
d’exception. Planté en 1551, il a 473 ans ! Cela fait de lui le plus vieux tilleul de Bourgogne, et aussi le plus gros, avec une circonférence de 9,2 mètres. On ne sait pas précisément à quoi correspond
cette date de 1551, mais une chose est sûre, c’est que le tilleul de Sagy est plus ancien que
l’ordonnance de Sully (1600-1602). Maximilien de Béthune, baron de Rosny et duc de Sully, a été le premier ministre surintendant des finances de Henry IV. Après l’Édit de Nantes, qui a mis fin aux guerres de religion ravageant le royaume de France et de Navarre, il a réorganisé le pays en ruine et demandé que l’on plante des ormes et des tilleuls dans les villages. Ces arbres prirent le nom de Sully ou Rosny selon les lieux. Les tilleuls fréquemment plantés près des églises ont été entretenus
au long des siècles. Le tilleul de Sagy, lui, n’est lui pas un « Sully ». Les habitants du village lui ont attribué officiellement le titre d’Arbre de la liberté en 1792, alors qu’il était plutôt de tradition de planter un jeune arbre pour célébrer la nouvelle République. En juin 1909, le tilleul, âgé de 350 ans environ, est classé site naturel en vertu de son caractère remarquable.
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Le tamaris d’Afrique du lieu dit Losari, à Belgodère, se présente sous la forme d’une cépée de 10 mètres de circonférence au sol qui pointe à une hauteur de 11 mètres. C’est une taille rarement atteinte chez cet arbuste natif des régions côtières de l’ouest de la Méditerranée, qui ne dépasse pas 2 à 3 mètres en général. Mais ce qui impressionne encore davantage, c’est la surface occupée par l’arbre, proche de 600 mètres carrés ! Cette croissance remarquable est probablement liée à l’abondance de l’eau sur le site. Les dimensions et les anciennes photographies disponibles laissent penser que ce tamaris est très certainement centenaire. Il présente une forme tentaculaire, formée de pas moins de 16 charpentières rampantes et tortueuses. Certaines sont entrelacées, quand d’autres s’étendent au-dessus de la rivière Fiume di Regino. Comme bien souvent pour les sujets âgés de cette espèce, le tronc et les charpentières ont tendance à se creuser ; deux sont d’ailleurs brisées, mais toujours vivantes. Un deuxième arbuste sort également de terre via le marcottage d’une des charpentières. Ses feuilles en écailles imbriquées, vertes à gris vertes, et ses fleurs blanches à rose pâle, apportent de la couleur dès la fin de l’hiver. Une merveille naturelle.
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Ce magnifique ficus, dont le tronc est constitué de cinq charpentières qui se séparent tout près du sol, a précisément l’âge de 42 ans. Il a été planté en 1980 sous le commandement du lieutenant-colonel Porte, chef de corps du régiment du service militaire adapté de la Guadeloupe (RSMA). Cet arbre accompagne les jeunes volontaires de Guadeloupe et de Saint-Martin en formation au sein du RSMA, qui est un dispositif d’insertion socioprofessionnelle recrutant environ 800 jeunes éloignés de l’emploi par an, pour les préparer à une trentaine de métiers différents, avec un taux d’insertion supérieur à 80 %. Cet arbre est situé dans la ferme pédagogique, en cours de conversion agriculture biologique, qui accueille les volontaires stagiaires de la section du vivant.
Il pousse au bord d’une grande mare où
se plaisent des canards, des oies et des tortues aquatiques. Cette section forme les stagiaires à différents métiers : ouvrier polyvalent
de l’agriculture (maraîchage et élevage), ouvrier polyvalent de l’environnement (élagage) et agent polyvalent de l’environnement (aménagement paysager).
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La scène peut être qualifiée de romantique : un platane vénérable se déploie tout en majesté dans la brume diaphane du petit matin, près d’un bief aux eaux calmes sur lesquelles glissent des cygnes, à peine perturbé par les flèches multicolores des martins-pêcheurs. Nous sommes à Guérigny, petite bourgade du plateau nivernais, à deux pas de la grande et belle forêt domaniale des Bertranges, la deuxième forêt productrice de chênes en France après celle de Tronçais. Le sous-sol riche en minerai de fer, l’abondance du bois et la ressource en eau ont longtemps fait de la région l’épicentre de la production de métaux en France, bien avant l’émergence des bassins sidérurgiques du Nord-Est. Les forges royales de Guérigny ont ainsi été le principal fournisseur de la Marine royale française en pièces de fonte, ancres, colliers de mâts… C’est Pierre Babaud de la Chaussade (1706-1792), maître de forges, qui a conçu les forges royales et reconstruit l’ensemble de la ville de Guérigny. Le platane a été planté au XVIIIe siècle, vers 1740. Élément structurant du parc du château de la Chaussade, qui s’étend sur six hectares, savamment implanté au débouché d’un double alignement de tilleuls d’une longueur remarquable de plus d’un kilomètre. Quand la municipalité a ouvert le parc en 2005, après des années d’abandon, le platane Babaud était perdu au milieu d’un fouillis végétal. Ce témoin de toute l’histoire de l’arsenal de la marine royale, impériale puis nationale, que l’on a depuis baptisé platane Babaud par décision municipale, en guise d’hommage, a indéniablement retrouvé toute sa superbe.
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Dans mon combat bien dérisoire d’aspirer à photographier des arbres qui ne souffrent pas d’un
panneautage excessif (il n’y a rien de pire que de voir sur les images des panneaux en tous genres à côté, voire pire, accrochés directement à l’arbre, y compris des panneaux annonçant qu’il s’agit d’un arbre remarquable – sic !), il y a parfois de belles surprises. À Lastic, le maire a récemment fait déplacer des panneaux routiers qui empiétaient sur l’arbre et a demandé aux riverains de bien vouloir garer leurs véhicules à distance. L’arbre en question est un beau tilleul, le tilleul de la place… du Tilleul. De mémoire de Lasticois, il a toujours été là, au beau milieu de ce petit village auvergnat de la Margeride. Des ribambelles d’enfants se sont cachés dans son tronc accueillant et ont escaladé ses branches. Personne ne connaît son âge, les anciens d’ici disent que c’est un « Sully » (arbre planté sous le règne d’Henri IV sur ordre de son ministre Sully). C’est vrai qu’il est situé juste à côté de l’église et sa racine principale remonte la place jusqu’à l’édifice religieux (en bon républicain, le tilleul n’est pas allé plus loin). C’est possible, mais, au bout du compte, est-ce important ? La seule certitude est qu’il a été et reste, de génération en génération, le point de rassemblement de tous. Il est présent dans l’histoire personnelle de beaucoup d’habitants et même, pour certains, un personnage du plus beau jour de leur vie : la tradition veut ici que le jour du mariage d’une jeune fille du village, elle se rende avec son époux sous le tilleul en suivant la racine, pour y accepter les hommages et vœux de bonheur des Lasticois (et leur permettre aussi d’admirer la mariée). Pas de mariage aujourd’hui, même si le bleu profond du ciel et le feuillage d’or du tilleul s’unissent à merveille en cette matinée d’automne.
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