Il est là, comme perdu au milieu de nulle part, dans la campagne melloise, avec sa silhouette ramassée et trapue, son tronc en grande partie creux, dans lequel on peut se lover, son écorce plissée et striée, qui a vécu tant de choses, vieux de plusieurs siècles. Il n’est pas aussi perdu que l’on pourrait le croire : il est à la croisée des chemins. On en dénombre au moins six, peut-être sept : petites routes, chemins buissonniers et layons, disposés en étoile, avec le vieil arbre au centre. Le lieu est même très fréquenté. D’abord pour les châtaignes qui, en cet automne, attirent de nombreux ramasseurs. Mais il est surtout connu de tous comme un phare, comme un repère. La « talle à teurtous », dans le parler local, c’est le châtaignier de tous, qui appartient à tout le monde. Un arbre public, en somme. La talle désigne un châtaignier greffé pour la production de fruits. Marie-Thérèse Cromer, adjointe chargée de la communication de Celles-sur-Belle, souhaite que le patrimoine naturel soit mieux connu et reconnu, qu’il soit davantage mis en valeur : c’est dans ce sens que va cette candidature.
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D’emblée, il a la bienveillance amicale des gens du Nord. Alors, quand Sébastien Hoyer nous raconte qu’enfant, il veillait avec soin sur ce grand et beau châtaignier qui orne le parc du château familial de Conteval, dans le Boulonnais, on le croit sans l’ombre d’une hésitation. Attiré par sa stature remarquable, sa charpente protectrice et sa ramure descendant naturellement en cloche jusqu’au sol, il y trouvait souvent refuge et se montrait très attentif à ses meurtrissures et à ses besoins. Il se souvient ainsi avoir soigné une forte blessure créée par la foudre, qui lui avait brûlé le tronc. En 1985, une grande descente de cime l’avait également beaucoup inquiété, au point qu’il se revoit, âgé d’une douzaine d’années, lui apportant des brouettes de feuilles pour nourrir ses vieilles racines et lui parlant pour lui dire tout son attachement. Il semblerait bien que ses prières aient été entendues, car, aujourd’hui, c’est l’arbre que tout le monde vient admirer dans le parc, entièrement jardiné et boisé sur une surface de huit hectares. Des artistes en font même le portrait, nous confie-t-il avec fierté. Il a vu passer du monde. Planté à la création du jardin sous Louis XVI, il a rencontré dans son jeune temps des agronomes distingués comme le marquis de Guerchy ou Roland de la Platière, des botanistes comme Dumont de Courset, à l’origine de sa plantation, ou des égéries nationales telle Manon Roland. Pendant le camp de Boulogne, de 1803 à 1805, il a eu la visite du général Vandamme, et probablement de l’empereur Napoléon Ier. Il a surtout, nous précise Sébastien, vu naître, vivre et mourir la plupart des membres de sa famille. Comment ne pas admirer cet arbre remarquable, plutôt grand pour un châtaignier, au tronc tortueux sculpté par les vents dominants du sud-ouest qui proviennent de la Manche ?
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Il y a une quinzaine d’années, alors qu’elle recherche un terrain suffisamment grand pour s’établir, la famille Vandamme tombe un peu par hasard sur une belle parcelle sise sur le rebord d’une falaise blanche de calcaire, à Coulombs. Le site a sans doute été exploité par le passé pour un élevage avicole industriel. C’est du moins ce que semblent raconter les restes de bâtiments et la configuration des lieux, qu’il va falloir remettre en état. Férue de jardins, la famille s’attelle à la tâche pendant plusieurs années, avec courage et patience. Au fond de la propriété, un arbre a poussé parmi les vestiges des installations, en plein milieu de ce qui paraît être un rail, probablement utilisé pour déplacer aisément les poulaillers. Cet arbre, qui prend des couleurs flamboyantes une fois l’automne venu, est un érable. Et il s’agit plutôt d’un beau spécimen, vigoureux au point d’avoir tordu le rail. Au fur et à mesure de l’avancement du travail de coupe et de défrichement, la famille le met en valeur, le découvre, dans tous les sens du terme, et il apparaît alors tel qu’on peut le voir aujourd’hui, c’est-à-dire un arbre esthétique, qui apporte un indéniable cachet à ce jardin reconstitué.
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En lisière de la grande forêt d’Écouves, la plus vaste de Normandie avec 15 000 hectares, le château de l’Ermitage, construit en 1846, abrite dans son parc un arbre remarquable, un hêtre pourpre, près de deux fois centenaire. Arbre d’ornement par excellence, il a sans doute été planté par l’un des premiers propriétaires. L’un d’eux, le peintre Georges Lacombe (1868-1916), élève et ami de Paul Gauguin, s’installe au château en 1897. Il aménage un atelier et invite peintres et artistes en vue, notamment des membres du mouvement Nabi, jeunes peintres symbolistes passionnés d’ésotérisme et de spiritualité, disciples de Gauguin. Il faut dire que la situation du château est parfaite, à mi-chemin entre Paris et Pont-Aven. Le hêtre pourpre est un modèle idéal et il se retrouve vite en bonne place sur de nombreuses toiles. Après plusieurs décennies d’abandon, les propriétaires actuelles, Annabel Moreau et sa fille Zoé, souhaitent restituer la dimension artistique et culturelle des lieux, aidées par Nicolas Blanchard, qui conduit un travail de thèse pluridisciplinaire retraçant la fabuleuse épopée de la forêt d’Écouves, qu’elle soit historique, culturelle ou encore naturelle. Le hêtre pourpre de l’Ermitage est entre de bonnes mains.
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EN REPLAY sur USHUAÏA TV jusqu'au 30 Avril 2022. Le plus bel arbre est un road movie, un périple un été, à travers la France.
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