Ce chêne installé en bordure de l’estuaire de la Laïta, à l’entrée du site de Saint-Maurice, une ancienne abbaye cistercienne, invite à l’introspection. Il faut dire qu’à Clohars-Carnoët, il a judicieusement choisi sa place. Avec son tronc massif et sa couronne étalée et tortueuse, il a été le témoin des années sur ce lieu historique, propriété du Conservatoire du littoral depuis 1991. Mais il est aussi et surtout le gardien d’un paysage qui ne laisse personne indifférent, au pied de la rivière qui serpente dans la vallée boisée
au gré des marées et du mouvement des oiseaux, très nombreux ici. Moult fougères épiphytes l’utilisent comme support de vie. Les habitants sont nombreux à s’offrir une pause méditative sur le banc sculpté en forme de loutre, qui évoque le passage régulier de l’animal la nuit au pied du chêne.
Rattaché à
La carte des arbres de France
Surnommé l’arolle millénaire, ce pin cembro sert de point de repère aux habitants de Val d’Isère, été comme hiver. Sa couleur verte, persistant toute l’année, le différencie parfaitement des mélèzes voisins qui, après l’or flamboyant de l’automne, perdent leurs aiguilles et passent l’hiver dénudés. Mais c’est surtout sa taille imposante qui permet de le repérer à 2 170 mètres d’altitude, sur le replat d’un versant pentu entre deux barres rocheuses surplombant le hameau de Laisinant. C’est là qu’il pousse très lentement depuis au moins trois siècles, à la limite supérieure de la forêt d’altitude, dans ce que l’on nomme « la zone de combat », là où les contraintes climatiques finissent par empêcher la croissance des arbres et des arbustes. Il lui en faut donc de la détermination ! Sa silhouette équilibrée cache une fourche de deux troncs principaux qui témoignent du poids important de la neige en hiver. Celle-ci a en effet causé la rupture de son tronc d’origine. On trouve de nombreuses traces de passages d’animaux sous l’arbre, notamment le renard, le tétras lyre et le cassenoix moucheté. Le pin cembro entretient avec ce dernier un rapport privilégié, puisqu’il est le principal disséminateur
des graines de ses cônes. L’arolle millénaire a obtenu en juin 2024 le label Arbre remarquable de France.
Rattaché à
La carte des arbres de France
C’est assurément l’un des doyens de notre pays. La légende voudrait qu’il ait été planté en 911, date de la fondation du duché de Normandie, mais les scientifiques pensent qu’il pourrait être plus âgé encore d’au moins un siècle. Il est donc au bas mot millénaire. Deux petites chapelles superposées y ont été aménagées, la plus ancienne datant de 1696. Il en a connu des vicissitudes. Forcément quand on traverse les siècles, on est exposé aux fureurs de la météo et à celles des hommes : plusieurs fois foudroyé, plusieurs fois menacé d’être abattu… Mais il est toujours là. D’ailleurs, il a soufflé très fort la nuit précédant la réalisation des images : la tempête Aurore a parcouru la Normandie et occasionné de très nombreux dégâts partout dans la région. Le chêne n’a pas bronché. « Il en a vu d’autres ! » me dit un voisin, alors que je déploie mon trépied au petit matin. Les habitants, des érudits, des passionnés des arbres, des personnalités… beaucoup lui ont consacré du temps et de l’amour.
Il est aujourd’hui consolidé par une structure métallique. Avec ses chapelles, son escalier en colimaçon, ses différentes pancartes, ses câbles et protections diverses et variées, il présente une silhouette un peu étrange, mi-arbre, mi-construction. On pourrait le croire sorti tout droit de l’imagination fertile d’un auteur de fantasy. En protégeant ce très vieil arbre, on préserve aussi sa valeur culturelle et historique. Les 30 000 personnes qui viennent le visiter chaque année ne s’y trompent pas. C’est un véritable monument.
Rattaché à
La carte des arbres de France
Il est l’un des symboles de la ville de Montrichard Val de Cher, qui le protège officiellement depuis 1979. Ce ginkgo, labellisé Arbre remarquable de France en 2002, est jumelé à celui du parc des Muses de Molenbeek-Saint-Jean, en Belgique. Il partage avec lui d’évidentes similitudes, dont une circonférence de plus de 4,5 mètres et un âge estimé à 150 ans. Le ginkgo est l’unique survivant d’une famille d’arbres apparue à l’ère primaire et qui a connu son apogée à l’époque des dinosaures. Il s’agirait de la plus ancienne espèce d’arbre connue, qui n’a pratiquement pas évolué depuis des millions d’années. Sa culture est séculaire dans les monastères en Chine, d’où il a été importé vers le Japon et la Corée autour du XIIe siècle, avant d’être introduit en Europe au XVIIIe siècle. On raconte que les premiers exemplaires de France ont été ramenés en 1780 par un riche montpelliérain qui les avait acquis à Londres au prix exorbitant pour l’époque de 25 guinées les cinq pieds d’un même pot (soit l’équivalent de 40 écus d’or le pied). D’où le surnom d’arbre aux quarante écus qu’on lui attribue aujourd’hui.
Rattaché à
La carte des arbres de France
Avec ses 4 mètres de hauteur et son mètre à peine de circonférence, ce pin laricio se démarque pas par ses dimensions, mais bien davantage par son emplacement très particulier dans un environnement extrême. Équilibriste et solitaire, il s’est accroché au sommet de l’aiguille granitique Pilastru di l’Alba, au cœur du massif de Bavella, en Corse. On imagine aisément la rigueur des conditions qui font son quotidien : son port accidenté témoigne des fortes rafales qui balayent régulièrement les lieux. Ses conditions
de croissance sont rudes, puisqu’il se contente des rares nutriments qu’il arrive à tirer de la roche. Estimer son âge s’avère donc difficile… Le massif de Bavella abrite une large diversité de plantes et d’animaux. La végétation y est composée de nombreuses espèces méditerranéennes, dont le pin laricio, un arbre emblématique de la Corse, ainsi que d’une grande variété de plantes endémiques. Parfois, on peut observer non loin de l’arbre le mouflon corse, lui aussi symbole de l’île de Beauté.
Rattaché à
La carte des arbres de France
Philippe Roussard se souvient du moment où il est arrivé pour visiter cette maison. « Je n’ai vu que l’arbre, majestueux et imposant ! » On comprend pourquoi : érigé en bordure de la propriété du lieu-dit Champjean, à Brannay, ce chêne pédonculé plusieurs fois centenaire impose sa grandeur et sa prestance. Depuis sa première impression, le jardinier amateur et éclairé a fait du chemin : l’arbre, toujours majestueux et imposant, est désormais entouré d’un jardin magnifique, un délice de fleurs et d’arbustes, où les perspectives étudiées rendent parfaitement hommage au chêne. L’arbre abrite une faune variée au creux de son imposant double tronc : écureuils, pics épeiches, verdiers, mésanges… Une faune qui se retrouve régulièrement sur les images des pièges vidéo que le propriétaire a dissimulés çà et là pour savourer la joie de l’observation de tout ce petit monde. Il souhaite aujourd’hui le faire reconnaître comme partie intégrante du patrimoine local.
Rattaché à
La carte des arbres de France
L’orme champêtre de Bettange (Moselle), nommé aussi l’orme éternel, est classé monument
historique depuis 1938. Il aurait été planté en 1593 selon la légende, mais est sans doute
plutôt âgé d’environ 250 ans, ce qui n’est déjà pas rien ! Il arbore une forme noueuse très
particulière qui est le fruit de plusieurs repousses et marcottes remarquables. Cela lui
donne un houppier pratiquement équilibré, et témoigne surtout d’une histoire mouvementée !
S’il est toujours là, à défaut sans doute d’être éternel (même si on lui souhaite), c’est qu’il a développé une notable résistance à la graphiose. L’orme champêtre est une essence qui était jadis très répandue en France, mais dans les années 1920, la graphiose de l’orme, une maladie fongique,
apparaît aux Pays-Bas et se diffuse dans toute l’Europe. Elle mène l’espèce vers une régression
généralisée, au point que les vieux et gros spécimens ont aujourd’hui quasiment disparu. L’orme
de Bettange est un survivant ! L’association Hêtre vit vent, qui porte cette candidature, s’est donné
pour objectif de présenter chaque année un candidat au concours de L’Arbre de l’année dans
l’optique de créer un parcours didactique, présentant les arbres jugés localement remarquables,
qu’ils soient labellisés ou non.
Rattaché à
La carte des arbres de France
Le hêtre pourpre s’épanouit sur la grande pelouse du lycée Lakanal, à Sceaux, au sein d’un ensemble de bâtiments datant de 1885 et inscrits à l’inventaire des monuments historiques.
Son implantation au centre d’un parc de 10 hectares, qui dépendait à l’origine du domaine
de Sceaux, a été souhaitée dès la construction de ce dernier. 2 600 élèves et 220 professeurs passent aujourd’hui chaque jour à son pied. Les plus jeunes s’y amusent tandis que les étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles y révisent leurs examens. Avant eux, d’illustres personnes ont également foulé ses racines. Ce hêtre pourpre a en effet vu défiler des pans entiers de l’histoire locale ! De grands romanciers et littéraires de la fin du XIXe et début du XXe
siècle, à l’instar de Maurice Genevoix, Charles Péguy et Alain-Fournier, ont étudié sous son ombrage. C’est aussi ici que Frédéric Joliot-Curie s’entraînait avec l’équipe de football du lycée, quand Frantz Reichel allait lui fonder la première association sportive universitaire du pays avant de remporter, en 1900, le premier titre olympique français en sport collectif (le rugby !).
Le hêtre pourpre est un arbre historique.
Il a été choisi comme logo pour représenter le lycée
et s’affiche dés
Rattaché à
La carte des arbres de France
Originaire des vallées du Caucase – cette chaîne de montagnes qui sépare l’Europe de l’Asie et qui fait le trait d’union entre la mer Noire et la mer Caspienne –, le noyer du Caucase a été introduit en France en 1784. Cette essence a depuis été utilisée à des fins ornementales dans une grande partie de l’Europe, grâce notamment à ses capacités naturelles de multiplication, qui lui valent aussi d’être une plante invasive dans certaines régions. Il en existe de remarquables dans des parcs et jardins parisiens. Celui du domaine de Fresnoy, à Loison-sur-Créquoise, en impose aussi. Son feuillage élégant, qui rappelle celui du frêne (d’où son nom scientifique), et ses spectaculaires grappes de fruits qui pendent et peuvent atteindre 50 centimètres de long, surprennent ! Ce n’est pas Florence
Karras, la propriétaire, qui irait démentir : alors qu’elle cherchait en 2021 un lieu pour s’installer
et développer une proposition de tourisme expérientiel autour de la nature et des arbres, elle est tombée amoureuse du domaine et de cet arbre d’une élégance folle. Deux ans plus tard, le noyer poursuit son offensive de charme : alors même que nous sommes en train de réaliser les images de son arbre en sa compagnie, son téléphone sonne. Elle apprend qu’il vient d’obtenir le label « Arbre remarquable de France ». Une larme de joie perle sur sa joue. Elle est définitivement conquise.
Rattaché à
La carte des arbres de France
À la fois abri et source de nourriture pour nombre d’insectes, d’oiseaux et de petits mammifères, ce platane dressé au centre du parc du château du Mayne, à Barsac, se détache avec majesté sur fond de collines de l’Entre-deux-Mers. Il se murmure que, sans lui, les vins de Sauternes, issus des vignes du domaine, n’auraient pas la même saveur… C’est du moins ce que nous confie Gilles Bourjade, son propriétaire, persuadé qu’avec la petite population animale qu’il héberge et la grande ombre qu’il porte sur la vigne, ce platane joue un rôle crucial et contribue à la maturité du raisin. Celui-ci tient sûrement, pense-t-il, en grande partie aux chants des oiseaux (les trilles des étourneaux en particulier) qui exercent sur la vigne un effet bénéfique. Un véritable atout pour la production en culture biologique. C’est une très belle façon de voir et de ressentir les choses. Ce jour-là, alors que les prises de vues s’enchaînent, l’alouette lulu qui chante non loin semble acquiescer.
Rattaché à
La carte des arbres de France