2025 Chêne pédonculé Grand Est Jully-sur-Sarce — Concours de L’Arbre de l’Année

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Chêne pédonculé

Grand Est

  • Description

    Il s’agit d’un chêne pédonculé (Quercus robur L.) remarquable par ses dimensions et son âge vénérable. Son tronc, d’une circonférence de 8,47 m à 1,30 m du sol, témoigne d’une croissance pluriséculaire. L’arbre culmine à 25,50 m de hauteur, avec une ramure puissante et équilibrée. Selon l’expertise d’un agent de l’ONF, son âge est estimé entre 500 et 800 ans, ce qui en fait un témoin vivant de l’histoire paysagère et écologique du territoire.

  • Esthétique

    Ce chêne pédonculé se distingue par son tronc monumental, marqué par une vaste cavité basale spectaculaire, héritée d’un impact de foudre et d’un incendie ancien. Autrefois si large qu’elle permettait le passage de plusieurs personnes debout, cette cavité tend aujourd’hui à se refermer, révélant la puissance des processus naturels de régénération et offrant à l’arbre une allure singulière et expressive. Malgré ces stigmates, l’arbre présente un houppier dense, feuillu et bien structuré, qui témoigne de sa vitalité et lui confère une silhouette harmonieuse. La présence de quelques bois morts secondaires ajoute un caractère pittoresque, accentuant l’aspect vénérable de l’individu sans nuire à son esthétique générale. Sa stature élancée (25,50 m de hauteur) alliée à une circonférence impressionnante de 8,47 m en fait une figure dominante du paysage. Sa forme majestueuse, associée à la richesse de ses textures – écorce profondément crevassée, cicatrices anciennes, bourrelets cicatriciels en croissance – lui confère une force visuelle et symbolique exceptionnelle, renforcée par la dimension historique et culturelle du site.

  • Histoire

    Dans le cadre de son inventaire participatif, l’association Arbres Remarquables de l’Aube a vu remonter à plusieurs reprises la candidature de ce chêne pédonculé, toujours accompagnée d’une charge d’émotion de la part de celles et ceux qui l’ont rencontré. Chacun semble garder en lui un souvenir lié à cet arbre, comme un fil discret tissé entre les générations. Certains évoquent une photo de mariage prise à son pied, d’autres une randonnée marquée par une halte sous sa ramure, d’autres encore une visite scolaire qui laissa dans l’esprit des enfants la mémoire d’un géant bienveillant. Pour ceux qui ont vécu dans la ferme voisine, il demeure un compagnon silencieux de leur quotidien, témoin immuable des joies et des épreuves de la vie rurale. Ainsi, pour l’association Arbres Remarquables de l’Aube, ce chêne n’est pas seulement un monument naturel : il est un gardien de souvenirs, un repère affectif et collectif, qui unit la communauté autour de lui et rappelle combien la nature peut être au cœur de nos histoires humaines.

  • Espèces animales ou végétales abritées

    Ce chêne pluricentenaire constitue un écosystème à part entière, offrant une mosaïque d’habitats pour de nombreuses espèces. Sa cavité basale de grande dimension constitue un refuge potentiel pour des chauves-souris arboricoles, qui y trouvent un site de repos et de reproduction, jouant un rôle majeur dans la régulation des insectes nocturnes. Les cavités secondaires, notamment sur des branches rompues, offrent des sites favorables à la nidification des oiseaux cavernicoles tels que chouettes et hiboux, ainsi qu’à l’abri d’oiseaux forestiers comme les pics, sittelles et grimpereaux. Le bois mort et les cavités hébergent une faune saproxylique diversifiée, parmi laquelle des insectes décomposeurs (coléoptères dont les buprestes, par ex. Coraebus fasciatus) et divers diptères, essentiels au recyclage de la matière organique. La présence de galles induites par les Cynips témoigne d’interactions phytophages riches et spécifiques. Les traces de mycélium de champignons décomposeurs à l’intérieur de la cavité révèlent l’activité des communautés fongiques, indispensables à la décomposition du bois et à l’enrichissement du sol. Le sol enrichi au pied de l’arbre attire des invertébrés et mammifères fouisseurs, tels que les sangliers, participant à la dynamique écologique du site. Au-delà de cette biodiversité, la situation du chêne lui confère une valeur écologique accrue : isolé dans une plaine agricole ayant subi plusieurs remembrements, il représente un refuge essentiel pour la faune et la flore dans un paysage largement appauvri en structures arborées. Il joue ainsi un rôle de relais écologique et de micro-réservoir de biodiversité, d’autant plus précieux qu’il s’agit d’un des rares témoins vivants du maillage bocager ancien.

  • Commentaires

    Au-delà de sa description naturaliste, de ses critères esthétiques et morphologiques, ou encore de son rôle d’arbre-habitat, ce chêne dégage une présence singulière. Son isolement au cœur de la plaine favorise un face-à-face rare, presque intime, avec la nature. Se tenir auprès de lui, c’est ressentir à la fois sa force tranquille et le poids des siècles qu’il incarne. Son volume impressionnant, ses cicatrices refermées, son enracinement puissant et son houppier dense transmettent une énergie difficile à décrire, faite de stabilité, de continuité et de lien au vivant. Ce chêne a traversé d’innombrables périodes de l’histoire européenne – croisades, guerres napoléoniennes, conflits mondiaux – et se présente aujourd’hui comme un symbole de paix, rappelant l’importance de protéger la nature pour les générations futures. Il évoque aussi, discrètement, les souffrances des peuples touchés par les conflits récents en Europe de l’Est, soulignant l’universalité du besoin de préserver la vie et l’équilibre naturel. Ce chêne a été légalement e témoin des profondes transformations de l’agriculture dans la plaine de Foolz. Autour de lui, les bois et haies qui structuraient autrefois le paysage ont progressivement laissé place aux labours tirés par les chevaux, puis à la mécanisation, aux intrants chimiques et aux pratiques intensives nécessaires à la production agricole moderne. Si ces évolutions ont permis d’augmenter les rendements et de nourrir les populations, elles ont parfois été au détriment de la biodiversité, réduisant les habitats naturels et la richesse faunistique et floristique du territoire. L’arbre, isolé mais robuste, demeure un témoin vivant de ces transitions, rappelant que la conservation du vivant et le maintien de pratiques respectueuses de la nature sont essentiels pour réconcilier agriculture et biodiversité. Les éléments présentés ci-dessus reposent sur l’observation et l’expertise des membres de l’association Arbres Remarquables de l’Aube, garantissant la fiabilité des informations, que je ne possède pas personnellement mais qui m’enrichissent au quotidien et que je souhaite partager avec tous les Européens, pour que chacun se sente concerné par la nature et la nécessité de la protéger. Ce chêne majestueux pourrait ainsi devenir un emblème européen de la préservation du vivant.