La scène estivale est charmante. Sous un ciel bleu profond, un platane déploie une grande ramure verte en bordure d’un étang calme. Le soleil est de plomb et l’on se glisserait bien sous la voûte végétale, histoire d’accéder à un peu de fraîcheur. C’est chose faite. On découvre alors deux troncs, dont le plus gros dépasse les six mètres de circonférence, qui déploient un immense toit de feuilles et de branches de plus de 1 000 mètres carrés ! En faire le tour demande de marcher sur plus de 100 mètres : c’est assurément un bien beau monument végétal. L’arbre aurait été planté au début du XVIIe siècle, arrivé directement d’Orient au jardin d’acclimatation de Nantes. Don en aurait été fait ensuite au baron de La Bretesche, propriétaire du château éponyme, situé à quelques encablures. Le parc (aujourd’hui communal) dans lequel pousse le platane appartenait jadis au domaine du château. Les racines dans l’eau, le platane prend ses aises, déploie d’immenses branches, dont plusieurs marcottent, dans un enchevêtrement harmonieux d’écorce en écailles, de fruits en boules et de feuilles à lobes aigus.
Aux alentours
La forêt de La Bretesche, toute proche, est une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique
et floristique, qui présente de belles futaies de hêtres, favorables notamment à la nidification des rapaces, ainsi que des petits marais tourbeux, qui abritent des plantes rares, comme les rossolis, les fameuses plantes carnivores.
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Une grande quiétude règne à La Harazée, un hameau d’Argonne. La journée s’étire sous le soleil doux du début de l’été. Auprès d’un lavoir, un platane vit paisiblement, les pieds dans l’eau d’une petite rivière qui se languit à ses pieds. Sa circonférence d’un peu plus de trois mètres ne le classe pas parmi les géants, mais en fait assurément un bon centenaire. Autrement dit, il a survécu à la Grande Guerre, et il en est même l’un des rares rescapés dans le hameau. On assure ici qu’il a vu les poilus faire leur toilette et laver leur linge dans le lavoir, qu’il recouvre en partie de son feuillage. Quel contraste entre le souvenir douloureux de cette période de folie et de chaos et le charme champêtre et tranquille de la scène aujourd’hui, alors que la lumière chaude du couchant vient teinter les feuilles du platane. Témoin silencieux de l’histoire, le platane frémit sous une bise légère, qui vient caresser son tronc onduleux. Il a sans doute beaucoup de choses à raconter, mais l’on n’est pas certain de vouloir les entendre.
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Sur le quai de Loire, à Gien, un alignement de platanes centenaires contemple le fleuve royal. Ou du moins contemplaient, car dans le cadre de la réhabilitation du centre-ville, une trentaine d’entre eux ont été subitement abattus, pour des motifs de sécurité, en octobre 2017. L’émotion est vive chez les habitants. Un collectif « Sauvons les platanes » se met alors rapidement en place pour s’opposer à l’abattage d’une trentaine d’autres arbres, et porte l’affaire devant la justice. La mobilisation devient nationale. De nombreuses personnalités publiques sont approchées et acceptent de parrainer les arbres menacés. Celui présenté au concours est le plus âgé d’entre eux, du haut de ses 180 ans. C’est le patriarche, au tronc ouvert et aplati, dont le camaïeu de beige et de gris est couvert d’anciennes blessures, en relation avec le bombardement du pont sur la Loire, situé tout près, au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il est parrainé par Rémy Julienne, l’ancien cascadeur, qui s’amuse à dire que, tout comme lui, cet arbre est cabossé. Aux dernières nouvelles, et au terme de nombreux rebondissements, il semblerait qu’il soit pour l’instant tiré d’affaire, lui et ses compagnons de combat.
Aux alentours
L’arboretum national des Barres est l’un des plus grands d’Europe. Géré par l’Office national des forêts, il abrite, sur 35 hectares, un remarquable patrimoine végétal constitué de 2 600 espèces
et sous-espèces, venues des cinq continents, et représentées par quelque 9 250 arbres et arbustes. Une adresse incontournable pour tout amoureux des arbres.
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Dans la verdoyante vallée granitique du Chambon, où coule la Tardoire,
les premiers contreforts métamorphiques du Limousin, prémices du
Massif central, viennent embrasser les plats calcaires de la Charente.
Dès l’arrivée dans la vallée, un arbre majestueux attire irrésistiblement
le regard en dépassant de très haut le toit des bâtiments : c’est le platane du Chambon,
dont le reflet ondule paisiblement en surface de l’étang tout proche. Cet arbre est devenu
l’emblème du Centre de plein air du Chambon.
Ici, à quelques kilomètres de la Dordogne et de la Haute-Vienne, on accueille des groupes
organisés et plus particulièrement des enfants, pour l’initiation et la pratique de sports
de nature tels que le kayak, l’escalade ou encore la spéléologie. Environ 15 000 personnes
à l’année viennent ici : c’est dire si cet arbre voit passer du monde ! Il est le point de rendez-
vous pour le départ des groupes, un point de repère, celui que l’on cherche inconsciemment
du regard pour se situer, celui sous lequel on aime se retrouver tout au long
de la journée : il est le rassembleur.
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À la fois abri et source de nourriture pour nombre d’insectes, d’oiseaux et de petits mammifères, ce platane dressé au centre du parc du château du Mayne, à Barsac, se détache avec majesté sur fond de collines de l’Entre-deux-Mers. Il se murmure que, sans lui, les vins de Sauternes, issus des vignes du domaine, n’auraient pas la même saveur… C’est du moins ce que nous confie Gilles Bourjade, son propriétaire, persuadé qu’avec la petite population animale qu’il héberge et la grande ombre qu’il porte sur la vigne, ce platane joue un rôle crucial et contribue à la maturité du raisin. Celui-ci tient sûrement, pense-t-il, en grande partie aux chants des oiseaux (les trilles des étourneaux en particulier) qui exercent sur la vigne un effet bénéfique. Un véritable atout pour la production en culture biologique. C’est une très belle façon de voir et de ressentir les choses. Ce jour-là, alors que les prises de vues s’enchaînent, l’alouette lulu qui chante non loin semble acquiescer.
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Ils sont huit. Huit platanes centenaires qui composent ce que l’on devine être une ancienne allée. Le plus gros, dont l’âge est estimé à 350 ans, en impose par sa force et son port gracieux. Il est pratiquement situé au centre. Il magnétise le regard et l’on jurerait que les différentes perspectives n’ont été envisagées que pour lui rendre hommage. À quelques mètres, un étang dans lequel il doit plonger profondément ses racines. Des martins-pêcheurs s’y livrent à des courses effrénées, tandis que des bernaches vadrouillent le long des berges. Le tout compose un paysage romantique. « Il y a eu plusieurs mariages ici », me confient les propriétaires. Originaires du nord de la France, ils n’ont pu résister à l’attrait de cette enclave boisée et reposante, entourée d’un paysage marqué par la vigne. Cette zone fut pendant longtemps un parc ouvert à tous, le parc Favier.
Aux alentours
La rivière Yonne, toute proche, est une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), qui revêt une importance régionale pour ses habitats alluviaux (forêts, prairies, plans et cours d’eau), ses milieux secs (rochers, pelouses, bois de pente)et les espèces de faune et flore qui en dépendent.
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Le jardin de Geneviève est dans la grande tradition des jardins normands, qui se doivent
d’abriter un poirier. Celui-ci est remarquable. Geneviève l’admire chaque jour avec
délectation. Sa décision de s’installer dans cette propriété il y a de cela quelques mois
tient d’ailleurs beaucoup à la présence de l’arbre... Cette histoire est donc d’abord celle
d’un coup de coeur. Il faut reconnaître que l’arbre, niché dans un écrin de verdure,
a fière allure : un tronc droit, une forme élancée, une silhouette parfaite. Partie à la pêche aux
renseignements, elle apprit des anciens du hameau que le fruitier était sans doute aussi âgé que
la maison, dont la première partie fut construite en 1640. L’histoire est belle, mais sans doute
inexacte. En matière d’arbres, le fantasme et le réel font souvent de doux mélanges. Les arbres
ont de multiples pouvoirs, dont celui de faire fonctionner l’imagination des hommes. Notre
poirier est plus vraisemblablement jeune centenaire, mais qu’importe, l’essentiel est ailleurs.
Aux alentours
Plusieurs massifs forestiers sont à découvrir : forêts de Senonches, du Perche, de Dreux, de
Breteuil, de Conches, ou encore de Châteauneuf ou d’évreux. Ils s’étendent généralement sur
des sols sableux et argileux, et abritent donc des milieux humides et aquatiques remarquables.
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A-t-on jamais vu plus grand poirier ? Plus de 20 mètres de hauteur ! Planté en 1820, greffé, il s’est mis à grimper très haut et à donner des fruits au goût incomparable. Bernard Das l’acquiert en 1944, en achetant, avec son épouse, la petite ferme sur laquelle l’arbre a pris racine.
Ce dernier devient vite leur fierté. Bernard fait du poiré, sa femme, des confitures.
Chaque année, famille et amis s’étonnent : comment un poirier non traité peut-il être
aussi grand, aussi fort, et donner autant de fruits sains par centaines de kilos ?
Bernard a vieilli aux côtés de « son » poirier, son fidèle compagnon depuis soixante-sept
ans. C’est aujourd’hui un papy de 94 ans. Comme l’incroyable arbre fruitier,
il a toujours bon pied, bon œil.
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C’est une histoire qui pourrait paraître classique : celle d’un arbre qui contribue grandement à l’achat d’une maison. Le poirier de Paulmy fait partie de ces arbres sans grandiloquence, de ces arbres qui ne font pas de bruit, paisiblement blottis dans un jardin. Ces arbres tissent un fil entre les différentes familles – qu’elles se connaissent ou non, qu’elles soient liées ou non – qui ont habité la même maison. Ces arbres sont des sentinelles, des présences ligneuses muettes, mais importantes. Jean-Noël Chaize, le propriétaire actuel, l’avoue bien volontiers, le poirier a fortement participé à le convaincre lors de l’achat de la maison. Il insiste sur l’importance de planter et de conserver les arbres, car, il le regrette, « de nos jours, nous n’avons plus la patience d’attendre et nous ne pensons pas assez aux générations futures : ne plantons pas pour nous, mais pour nos successeurs, de notre famille ou non ». Le poirier, avec ses branches tortueuses et entrelacées, est, de son aveu même, très fleuri au printemps et donne de nombreux fruits. Il sait sans doute combien on l’aime ici.
Aux alentours
La forêt domaniale de Loches (3 600 hectares) est composée essentiellement de chênes rouvres. Son relief est peu marqué, mais elle présente tout de même plusieurs vallons qui contribuent à sa biodiversité. Elle abrite ainsi de nombreuses espèces protégées, notamment chez les insectes, avec la rosalie des Alpes, le grand capricorne et le pique-prune.
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Il était une fois un tout petit pommier perdu dans une immense forêt de feuillus : la forêt de Chaux et ses chênes sacrés, ses grandes hêtraies et charmaies, avec, en son sein, le village
de La Vieille-Loye. Un jour, les enfants de l’école, hauts comme trois de ses pommes, par l’entremise de leur bonne fée, l’institutrice Martine Auriol, font entrer le petit pommier au tronc
tortueux dans leur imaginaire. Et, laissant libre cours à leur imagination, ils inventent sa légende. Comme les grandes personnes, qui ont perdu leur âme d’enfant, ont parfois du mal
à comprendre les histoires des tout-petits, ces derniers fabriquent des marionnettes-arbres pour illustrer leur conte. Et recréer l’esprit facétieux de la forêt. Tels des lutins…
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