Pour admirer le gros chêne au sommet du baou (rocher en provençal) de la Gaude, à Saint-Jeannet, dans l’arrière-pays niçois, il faut être motivé et marcher une heure et demie depuis le centre historique. Entouré de quatre murs en pierres sèches, tout porte à croire qu’il a grandi au milieu d’une bergerie en ruines. Un autre élément attire l’attention sur cet arbre unique : de nombreux tas de pierres ou clapiers. Ceux-ci sont les témoins d’une technique extrêmement efficace permettant de créer par condensation une zone d’humidité favorable à la croissance de l’herbe. On raconte qu’il s’agissait d’un chêne sacré près duquel des cérémonies druidiques auraient eu lieu. On remarque encore aujourd’hui qu’une petite pierre polie a été positionnée à l’est de l’arbre. Pierre à sel, pierre d’autel ou pierre sacrificielle ? Un chêne sacré peut-être, mais pas uniquement d’un point de vue mystique, car il l’était aussi pour les troupeaux de moutons et de chèvres. En effet, il fut un temps où les terrasses alentour étaient cultivées et les troupeaux menés ici en pâturage. À l’ère révolue du pastoralisme à Saint-Jeannet, dont le saint patron est un berger, un seul arbre à la ronde procurait une ombre généreuse et de la fraîcheur, c’était lui, le fameux gros chêne. Aujourd’hui, ce sont les randonneurs qui se délectent de ses bienfaits. L’arbre a longtemps appartenu à des particuliers et c’est très récemment qu’il a été offert à la commune sous la forme d’un don. Le notaire étant sur le point de finaliser la succession, il est envisagé la mise en place d’une signalétique patrimoniale, qui parlera bien entendu de son histoire, liée à son implantation géographique et géobiologique, et appuie l’idée que ce chêne a pu être par le passé un arbre sacré. Mais pitié, pas de panneaux à proximité immédiate, et encore moins sur l’arbre lui-même !
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Ce grand chêne, que l’on appelle ici « u liccionu » en langue corse, est situé sur la commune de Saliceto, dans une région montagneuse de la Haute-Corse, non loin de Corte. Plusieurs fois centenaire, il est implanté à côté d’un petit sentier de montagne, entre deux hameaux. On ne le découvre vraiment qu’une fois arrivé tout près, au milieu de nombreux autres chênes qui ont poussé autour de lui sur de petites terrasses de pierres sèches autrefois cultivées. La cueillette de glands pour les cochons et les ânes était encore fréquente au début du siècle dernier. Il est majestueux, s’élève haut vers le ciel et ses racines gigantesques ont poussé en encerclant un gros rocher. Ses branches s’étalent horizontalement sur plusieurs mètres, créant une atmosphère particulière de sérénité et de bien-être. Les enfants viennent y jouer et grimper, c’est un lieu où les familles se retrouvent pour passer un moment agréable. Installée depuis quelques mois dans le village tout proche pour développer une activité d’herboriste et de naturopathe, Isabelle Teroitin, qui a proposé la candidature, se rend régulièrement au pied du chêne pour méditer et pratiquer le yoga. Quel plus bel endroit peut-on trouver pour se ressourcer et profiter des bienfaits d’un arbre séculaire ?
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Certains arbres font partie de la famille. C’est le cas de ce chêne qui a vu passer les
générations et grandir les enfants, et qui est le témoin silencieux de l’histoire familiale.
Un confident végétal, jamais lassé de recueillir les joies et les bonheurs, mais aussi
quelques larmes, parfois, un compagnon toujours disponible, la nuit comme le jour,
quelle que soit la saison, quelle que soit l’humeur. Il en sait sans doute sur chacun
plus que quiconque. Les repas de famille de l’été sont pris à son pied, sous sa voûte bienveillante
et rafraîchissante, à l’abri de son tronc courbé, qui lui vaut le surnom de « Kenzo », en référence
au design du flacon de parfum du même nom. Plusieurs congénères parsèment le quartier, sensiblement
du même âge, vestiges d’une forêt aujourd’hui disparue. Le béton a grignoté l’espace,
des maisons et des routes sont sorties de terre. La vie s’écoule dans la frénésie de mouvement et
le brouhaha des hommes. Heureusement, certains savent encore écouter le silence de ces arbres
séculaires, véritables garants de la mémoire.
Aux alentours
Les Pénitents des Mées sont une formation géologique très particulière : il s’agit d’une masse
rocheuse très découpée, à côté du village, qui évoque un groupe de moines coiffés de capuches
pointues. Elle résulte de l’érosion d’une falaise de poudingue, une roche sédimentaire.
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En lisière de la forêt de Paimpont, la légendaire Brocéliande, se trouve l’un des
plus gros chênes de France, le chêne à Guillotin. Avec près de 10 mètres de
circonférence, il impose sa stature et son tronc massif au regard du visiteur
et la première rencontre est, il faut bien l’avouer, émouvante.
Les vieux arbres exaltent les imaginations et enfantent des légendes. Celui-ci, qu’on dit parfois
âgé de mille ans, n’échappe pas à la règle : il a été baptisé dans les années 1970 du nom
d’un prêtre réfractaire réfugié à Concoret pendant la Terreur ; il aurait dissimulé des objets
de culte dans son tronc creux, à travers une fente. Certains disent que le prêtre lui-même se
serait caché dans le tronc, pour échapper aux Républicains qui le traquaient. Mais une autre
histoire se rattache à notre arbre : le mage hérétique Éon de l’Étoile y aurait caché un trésor
constitué de deux barriques d’or provenant de ses pillages. L’ouverture du chêne aurait été
opérée à la fin du XIXe siècle par des chercheurs de trésor. Cet arbre, véritable star, voit tous les
jours des dizaines de personnes défiler à la belle saison. Aujourd'hui il a été libéré de son estrade et est tenu à l'écart de la foule. Les mystères sont faits pour perdurer…
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Il s’agit d’une petite vallée tranquille qui se trouve aux portes de la ville de Brest : la vallée
du Restic. La ville, comme bon nombre de cités de notre pays, se sent à l’étroit et tend à
pousser ses murs pour accueillir toujours plus d’habitants et de véhicules. C’est ainsi
que cette petite vallée tranquille se retrouve, il y a une dizaine d’années, au coeur d’un
projet routier qui prévoit le contournement nord de l’agglomération. Un collectif pour la
sauvegarde de la vallée est aussitôt créé, et c’est le début d’une longue bataille juridique. Ayant
entendu parler de ce collectif qui se bat pour le maintien de la biodiversité ordinaire et qui
plante notamment chaque année un arbre dans la vallée, Caroline de Loor se rend sur place
et tombe alors, au fond d’une parcelle, sur un beau chêne. Il n’est pas très haut, mais il est très
tortueux et son gros tronc noueux porte des « visages ». Il n’en fallait pas plus pour qu’elle lui
attribue ce joli nom de « chêne aux mille visages ». Elle qui aime photographier les arbres, et tout
particulièrement ceux qui lui content des histoires, est véritablement conquise.
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La particularité de cet arbre saute aux yeux quand on tombe littéralement sur lui, à la croisée de plusieurs petits chemins forestiers : outre son port élancé d’arbre de forêt qui est allé chercher haut la lumière, c’est la présence de six troncs qui surprend. Il se dit pourtant que ce chêne rouvre est né d’un unique gland. Selon la légende, ce serait même François Ier qui l’aurait laissé échapper de sa main lors d’une promenade. Si nos calculs sont bons, cela signifie que ce bel arbre peut afficher au bas mot 500 ans… C’est très largement probable. Car l’histoire locale nous apprend que Jacques de Lescornay, avocat du roi, y fait allusion dans ses Mémoires de la ville de Dourdan, en 1624. Elle nous apprend aussi que la petite cuvette qui s’est formée à la base des six troncs se remplit d’une eau réputée bénite, qui a attiré pendant des années des milliers de pèlerins en procession. Aujourd’hui, avec les périodes caniculaires que nous connaissons régulièrement, il n’y a pas d’eau. Mais l’arbre conserve une indéniable prestance.
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Le colombier et l’arbre sont situés sur une ancienne ferme, la ferme de Kernaudour.
Depuis plus de 20 ans, la ferme a laissé place au Parc de Loisirs Armoripark. Les bâtiments de
l’époque (grange, habitation, four à pain, lavoir...) ont été conservés et aménagés. De plus, le
colombier et son arbre remarquable sont l’emblème de la Ville de Bégard.
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C’est assurément l’un des doyens de notre pays. La légende voudrait qu’il ait été planté en 911, date de la fondation du duché de Normandie, mais les scientifiques pensent qu’il pourrait être plus âgé encore d’au moins un siècle. Il est donc au bas mot millénaire. Deux petites chapelles superposées y ont été aménagées, la plus ancienne datant de 1696. Il en a connu des vicissitudes. Forcément quand on traverse les siècles, on est exposé aux fureurs de la météo et à celles des hommes : plusieurs fois foudroyé, plusieurs fois menacé d’être abattu… Mais il est toujours là. D’ailleurs, il a soufflé très fort la nuit précédant la réalisation des images : la tempête Aurore a parcouru la Normandie et occasionné de très nombreux dégâts partout dans la région. Le chêne n’a pas bronché. « Il en a vu d’autres ! » me dit un voisin, alors que je déploie mon trépied au petit matin. Les habitants, des érudits, des passionnés des arbres, des personnalités… beaucoup lui ont consacré du temps et de l’amour.
Il est aujourd’hui consolidé par une structure métallique. Avec ses chapelles, son escalier en colimaçon, ses différentes pancartes, ses câbles et protections diverses et variées, il présente une silhouette un peu étrange, mi-arbre, mi-construction. On pourrait le croire sorti tout droit de l’imagination fertile d’un auteur de fantasy. En protégeant ce très vieil arbre, on préserve aussi sa valeur culturelle et historique. Les 30 000 personnes qui viennent le visiter chaque année ne s’y trompent pas. C’est un véritable monument.
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Philippe Roussard se souvient du moment où il est arrivé pour visiter cette maison. « Je n’ai vu que l’arbre, majestueux et imposant ! » On comprend pourquoi : érigé en bordure de la propriété du lieu-dit Champjean, à Brannay, ce chêne pédonculé plusieurs fois centenaire impose sa grandeur et sa prestance. Depuis sa première impression, le jardinier amateur et éclairé a fait du chemin : l’arbre, toujours majestueux et imposant, est désormais entouré d’un jardin magnifique, un délice de fleurs et d’arbustes, où les perspectives étudiées rendent parfaitement hommage au chêne. L’arbre abrite une faune variée au creux de son imposant double tronc : écureuils, pics épeiches, verdiers, mésanges… Une faune qui se retrouve régulièrement sur les images des pièges vidéo que le propriétaire a dissimulés çà et là pour savourer la joie de l’observation de tout ce petit monde. Il souhaite aujourd’hui le faire reconnaître comme partie intégrante du patrimoine local.
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Sculpté par le ciel, le vent et la dent des troupeaux, il a toute l’élégance discrète
et la beauté du chêne de bocage. Le profil rassurant de l’arbre de la campagne,
dans toute sa simplicité et son authenticité. En été, quand le soleil est fort,
il apporte de l’ombre et de la fraîcheur aux petits veaux qui accompagnent
leurs mères à robe rousse au pâturage, et les abrite des pluies diluviennes quand le soleil
s’absente. Ce sont les vaches limousines des Davy, une famille d’agriculteurs qui, comme
des générations de fermiers avant eux, façonne le paysage de cette campagne angevine.
Roger, l’ancien propriétaire de la ferme, assis dans la cuisine, avait un jour longuement
fixé l’arbre du regard au travers de la fenêtre : « Qu’est-ce qu’il est beau ! » Lui qui n’avait
jamais été avare de ses conseils et de son temps pour aider le jeune couple Davy, jeunes
agriculteurs fraîchement installés dans sa ferme vendue, s’en était allé une semaine plus
tard. Depuis ce jour, le chêne est devenu pour la famille le symbole évident de la passation.
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